Licence professionnelle d’écrivain public

Conclusion Rapport de stage L’Écho des Mots

, par Christophe ANCELIN

Christophe Ancelin. Il écrit pour les autres (3 septembre 2011)
Ézy-sur-Eure - Christophe Ancelin. Il écrit pour les autres. Françoise Lucas (L’Écho Républicain, samedi 3 septembre 2011)
L’Écho Républicain, Françoise Lucas, Christophe ANCELIN, 3 septembre 2011

Introduction

Contrairement aux idées reçues, partagées d’ailleurs par une large majorité du public auquel est confronté l’écrivain public, il apparait à l’issue de ces expériences de stage qu’il n’est pas facile d’écrire pour autrui, même pour un professionnel de l’écriture. Ces exemples nous fournissent une vision nouvelle du métier d’écrivain public, et les disciplines abordées dans le cadre de la licence professionnelle nous laissent entrevoir l’étendue de son champ d’action. Mais il reste encore de multiples facettes du métier à découvrir, à défricher ou à développer.

Afin de trouver sa juste place et faire reconnaître sa profession, l’écrivain public doit sans cesse développer ses compétences dans les nouvelles techniques et technologies d’information et de communication, mais également promouvoir son savoir-faire auprès des professionnels avec lesquels il travaille, tout en respectant une déontologie qui n’existe pour l’heure dans aucun manuel mais qui fait de lui un intermédiaire entre l’assistante sociale et l’avocat.

Un porte-plume

L’aide qu’il apporte peut très bien n’être que verbale et l’écrivain public n’être en quelque sorte qu’un porte-parole avant d’être un porte-plume. Celui-ci doit savoir faire preuve d’empathie, être attentif à la demande de son interlocuteur et s’y adapter, accepter enfin de n’être qu’un maillon dans une chaine de communication, d’autant plus invisible que son action est efficace.

L’Écho des Mots inspiré par Mucha
D’après la couverture d’un journal
illustré par Alfons Mucha
(La Plume, n° 210)
15 janvier 1898
Alfons MUCHA, Christophe ANCELIN

Il n’en joue pas moins un rôle essentiel, celui de médiateur entre l’individu et le collectif, entre l’usager et l’administration, entre le public et le privé. Le métier d’écrivain public est un métier passerelle entre le journaliste et le travailleur social, entre le secrétaire et le concepteur web. À la confluence des métiers de l’écrit, sa force et son utilité résident dans sa capacité à s’adapter et à porter un message.

L’exercice du métier d’écrivain public, non rétribué dans des structures associatives aux dimensions modestes, entretient l’idée que celui-ci est une occupation bénévole où savoir écrire est suffisant. L’exercice libéral du métier en revanche, tel que je l’avais imaginé en intégrant la promotion, donne l’image d’une pratique et d’un accès « réservés » à l’écriture, ainsi qu’une connotation commerciale prononcée.

Pourtant les compétences de l’écrivain public ne sont pas limitées à un secteur déterminé et celui-ci est un acteur à part entière aussi bien du domaine culturel que social. Son rôle est essentiel dans les structures intercommunales où le service rendu par un écrivain public, « gratuit » pour l’usager mais supporté par la collectivité, s’apparente à un véritable service d’intérêt public et collectif.

Un coopérateur

Donner de l’écho aux mots est une chose, être sûr qu’ils seront entendus en est une autre. Dans cette perspective, l’écrivain public doit, à l’échelle locale, travailler en réseau avec un ensemble de partenaires divers et variés s’il veut trouver sa « clientèle ». Cela va des associations et organismes publics œuvrant dans le domaine sanitaire et social, pour apporter l’aide nécessaire aux plus démunis, aux PME locales et aux grosses entreprises tournées vers le commerce international, qui souhaitent développer leur communication ou sous-traiter certaines tâches administratives.

Cela passe également par une relation régulière avec des professionnels indépendants tels les avocats, les photographes ou les infographistes, mais aussi les imprimeurs, les assistantes sociales ou les enseignants. Cela passe surtout et en priorité par une structuration de la profession et une collaboration plus étroite des écrivains publics entre eux, ainsi que d’une implantation et d’un maillage plus homogène sur l’ensemble du territoire.

Là encore, internet   pourrait permettre un travail plus efficace et une réelle qualité de service, en abolissant la barrière de la distance physique et du manque de professionnels sur certains secteurs. Cependant, ici se pose la problématique du statut de l’écrivain public. Le manque de reconnaissance de la profession amènent certains à être semi-professionnels en cumulant l’exercice bénévole, au mieux rémunéré de manière aléatoire, du métier et de son pendant social, avec une autre activité salariée. D’autres ont résolument choisi une orientation commerciale et travaillent sous un statut libéral, facturant quelquefois au prix fort des prestations de service plus littéraires. Mais il n’existe pas de société d’écrivains publics.

Précisons d’emblée : il n’y a pas, en France, de société d’écrivains publics telle que je souhaite la créer. En effet, s’il existe bien des entreprises spécialisées dans l’écriture à l’échelle nationale voire internationale, telle Ubiqus, ou des écrivains publics constitués en sociétés à l’échelle locale, celles-ci sont encore trop orientées commercialement et ne prennent pas en compte, ou du moins n’insistent pas assez sur le caractère d’utilité sociale que revêt le métier d’écrivain public. Elles communiquent en revanche davantage sur la qualité de la prestation et du produit fini, sur le professionnalisme de leurs intervenants, mais n’associent pas leurs clients et financeurs, leurs fournisseurs et partenaires, et encore moins les services publics, à la définition de leurs objectifs.

L’Écho des Mots, première société coopérative d’écrivains publics reconnue d’intérêt collectif

Il restait à inventer une société coopérative réunissant des écrivains publics soucieux de valoriser cette utilité sociale, travaillant chacun à l’échelle d’un territoire géographique distinct mais associés par la fourniture commune de prestations d’intérêt collectif. Un réseau où les associés sont aussi bien les salariés de la coopérative que les bénéficiaires des biens et services proposés par celle-ci, de même que les collectivités publiques participant au capital et toute personne physique ou morale contribuant à l’activité de la société.

Mon projet de création d’entreprise repose sur ce constat de l’utilité sociale de l’écrivain public ainsi que sur un statut juridique bien particulier, créé en 2002 pour accompagner le développement des services à la personne : la société coopérative d’intérêt collectif (SCIC). À ce sujet, je reprends ci-après de larges extraits d’une fiche technique réalisée par l’Agence pour la création d’entreprise (APCE) [1] avec la collaboration de la Confédération générale des Scop (Sociétés coopératives de production) et publiée en janvier 2007 sur son site internet.

Un intérêt collectif

La société coopérative d’intérêt collectif se caractérise « par la finalité sociale de son activité économique ». C’est « une forme de coopérative constituée sous forme de SARL (Société à responsabilité limité) ou de SA (Société anonyme) à capital variable. Elle a pour objet la fourniture de biens ou de services d’intérêt collectif qui présentent un caractère d’utilité sociale » et « peut concerner tous les secteurs d’activités, dès lors que l’intérêt collectif se justifie par un projet de territoire ou de filière d’activité impliquant un sociétariat hétérogène (multisociétariat), le respect des règles coopératives (1 personne = 1 voix), et la non lucrativité (réinvestissement dans l’activité de tous les excédents).

Sa création nécessite l’obtention d’un agrément du préfet de département de son siège social. Pour obtenir l’agrément, la SCIC doit justifier (…) de son caractère d’utilité sociale. Pour apprécier l’utilité sociale de la SCIC, le préfet vérifie notamment si l’activité de la SCIC répond à des besoins émergents ou non satisfaits, contribue à l’insertion sociale et professionnelle, au développement de la cohésion sociale, à l’accessibilité des biens et services, et dans quelles conditions l’activité est exercée. »

Espérant que la société que je suis sur le point de créer puissent remplir ces conditions à moyen terme (environ 5 ans) et souhaitant porter un projet professionnel novateur, j’ai dénommée celle-ci L’Écho des Mots.

Un projet

J’ai établi, avec l’aide d’une conseillère financière rencontrée lors de ma formation à la création d’entreprise en 2005, un plan de financement prévisionnel de 15000 euros que je dois compléter par une prochaine étude de marché. J’envisage d’exercer dans le cadre d’une société individuelle jusqu’à ce que la viabilité économique de l’entreprise soit démontrée, puis de modifier les statuts pour permettre l’arrivée de nouveaux associés lorsqu’il s’agira de se développer en dehors de ma zone de chalandise, qui s’étend principalement autour de Chartres (Eure-et-Loir) sur une trentaine de kilomètres.

Le département où je souhaite m’implanter est essentiellement rural avec quelques pôles urbains, où sont concentrés la majorité des écrivains publics actuellement en exercice. Un de mes axes de développement pourrait être de favoriser et d’établir une permanence d’écrivain public, via le concours et en alternance avec les professionnels du secteur, dans les villages de la campagne environnante, où ce service est inexistant. J’envisage également d’associer certains étudiants de ma promotion qui s’intéressent à cette manière d’exercer notre rôle d’intervenant social et d’assistant en démarches administratives et en écritures privées.

Les services que je compte proposer comprennent bien évidemment la rédaction de tout type de courriers à l’adresse des particuliers, si possible dans le cadre de permanences publiques en ce qui concerne les demandes à caractère social, mais également des forfaits en direction des associations et des petites et moyennes entreprises qui souhaitent compléter leur communication en créant un bulletin ou un site web. Enfin, je souhaite développer fortement les services en ligne et l’assistance à distance, en utilisant à plein les possibilités offertes par les technologies de l’information et de la communication, pour toucher un public étranger ou éloigné géographiquement. La licence d’écrivain public serait à cet effet un atout supplémentaire.

Revenir sur la 2e partie : L’écho lié à la technique de l’écrit.

Relire l’introduction.

Voir en ligne : Présentation

P.-S.

Les intertitres qui composent le sommaire ont été rajoutés pour faciliter votre lecture à l’écran mais ne figuraient pas dans le rapport de stage remis à la Sorbonne Nouvelle en 2007.

Retrouvez le code déontologique du cabinet d’écrivain public L’Écho des Mots dans la rubrique Références.

Notes

[1Devenue depuis l’Agence France Entrepreneur (AFE), intégrée à la Banque publique d’investissement (BPI) : https://bpifrance-creation.fr/