
Licence professionnelle d’écrivain public
L’écho lié à la médiation par l’écrit Rapport de stage L’Écho des Mots

Introduction
J’ai effectué deux stages dans des associations où l’aspect « littéraire » du métier d’écrivain public semblait plus recherché que son aspect social. Cependant, dans ces deux structures la sociabilité, l’écoute, l’échange et la communication ont été essentiels pour appréhender le contexte d’écriture, saisir les objectifs poursuivis par mes interlocuteurs et prendre la mesure des contraintes qui pèsent sur l’écrit, avant même sa production.
Le contexte dans lequel l’écrit s’inscrit à Énergies Citoyennes
J’ai pris mes fonctions à Énergies Citoyennes, en tant qu’écrivain public stagiaire mais aussi en tant que secrétaire, le 13 novembre 2006, lors d’un conseil d’administration un peu particulier. Celui-ci faisait suite à une assemblée générale extraordinaire tenue deux semaines plus tôt, où l’association, constatant un conflit de personnes, avait pris acte de la démission de quatre membres, sur la douzaine que compte habituellement son conseil d’administration.
Ma première tâche était de reprendre et de mettre en page, de manière homogène, les comptes rendus précédents faits par les secrétaires de séance, dont le rapport de cette assemblée générale. Étant étranger aux causes de la dissension entre les membres historiques de l’association, mais occupant de fait une position centrale et de coordination au sein de la structure, je me suis donc efforcé dans un premier temps et avant même d’écrire, d’être un observateur et un médiateur « objectif », capable d’écouter les uns et les autres sans parti pris.

L’écoute
Afin de mener à bien les missions fixées avec Énergies Citoyennes, je devais au préalable obtenir le soutien de plusieurs collaborateurs, réguliers ou occasionnels, de l’association et de son journal. Ce dernier fonctionnait de manière autonome et réactive, avec un comité de rédaction et une équipe réduite, composés d’administrateurs et de bénévoles. Cela avait engendré des dysfonctionnements avec l’association, d’autant que le journal L’Aiguillon avait acquis en 2005 une certaine notoriété et s’était, depuis, quelque peu émancipé de sa tutelle juridique. En réaction, certaines plumes de ce qui était alors un mensuel couleur, estimant que leurs écrits n’étaient pas assez considérés, avaient décidés de ne plus envoyer d’articles. La publication avait donc changé une première fois de formule et de format en septembre 2006.
Devenue bimensuelle, sur une seule page A3 en noir et blanc, elle a continué de paraître ainsi jusqu’à la sortie, début décembre, d’une seconde version imprimée de L’Aiguillon, faite par d’autres administrateurs et bénévoles, mais ne pouvant être distribuée en raison du non-respect des mentions légales et de la numérotation enregistrée au dépôt légal de la Bibliothèque Nationale de France. Cela m’a amené à rappeler certains principes inscrits dans les statuts de l’association et les règles de droit applicables à une association. L’objectif était de fournir à tous des éléments non sujets à caution et de permettre ainsi à chacun d’exprimer son point de vue, dans un cadre commun et selon des normes partagées.
Un conseil d’administration, en date du 7 décembre 2006 et dont j’ai rédigé le compte rendu, devait permettre de repartir sur des bases plus saines. Mais ce « rappel à l’ordre » et la « reprise en main » de la structure, tout comme les avertissements sur les mentions légales et les recommandations du conseil concernant les outils de communication, ont été mal perçus, du fait de mon « ancienneté » dans l’association (je suis adhérent depuis le 24 mars 2006). Par cette action de médiation, je me suis donc retrouvé en conflit avec quelques administrateurs. J’ai néanmoins poursuivi mon travail sur la parution du mois de janvier, tout en essayant de canaliser les bonnes intentions sur des projets précis et déjà en cours.
La médiation
L’association avait d’autres moyens d’expression que le journal et organisait notamment des conférences, suivies de débats auxquels étaient conviés les habitants de l’agglomération. Elle souhaitait également mettre à profit ma présence et la période du stage pour faire le bilan de ses cinq années d’activité. Je devais rencontrer chacun des fondateurs et des responsables successifs et, à la manière d’un récit de vie, recueillir leur parole afin de compiler dans un ouvrage imprimé l’histoire collective d’Énergies Citoyennes, racontée par ses membres. Si ce travail a pu se faire en partie avec quelques personnes, les difficultés étaient telles qu’elles n’ont pas permis de parachever le produit fini. Ce processus de remémoration a néanmoins été suivi d’un article écrit par un journaliste lyonnais et paru dans la revue Silence en avril 2007.
Enfin, dans le cadre de l’aide apportée aux étrangers demandeurs d’asile, j’ai néanmoins accompagné plusieurs personnes dans leurs démarches administratives, au-delà même de la période du stage, qui s’est terminé le 16 février sur un total de 368 heures.
Je suis resté secrétaire de l’association jusqu’au 9 mai dernier, date à laquelle une nouvelle équipe s’est finalement constituée avec de nouveaux projets, dont la reprise du journal.
Les contraintes qui s’exercent sur l’écrit à Plume et Buvard
Bien que conclue sur une période similaire allant du 1er février au 1er mai 2007, la durée de mon stage avec Plume et Buvard était nettement plus courte, puisqu’il n’était prévu qu’une soixantaine d’heures pour effectuer la mise à jour du site internet de l’association. Cette période a néanmoins permis de mettre en lumière les contraintes qui pèsent sur l’écriture, surtout lorsque celle-ci fait l’objet d’une diffusion publique.

Il m’a en effet fallu négocier, parfois longuement, pour obtenir un accord, sur les mots employés, sur le sens d’une phrase, sur la publication d’un texte, avec parfois la frustration de ne pas aboutir. De même, mon attention a-t-elle été attirée lors de ce stage sur le droit à l’image et sur l’autorisation préalable de reproduction des textes des auteurs. J’avais notamment préparé un article de présentation de la sixième promotion de la licence professionnelle pour le site de Plume et Buvard, avec les photos et les noms des étudiants, mais je ne l’ai finalement pas publié, faute d’avoir pu obtenir l’accord écrit de chacun.
La communication
À l’instar de la première, cette expérience révèle également la spécificité de l’engagement bénévole et les difficultés intrinsèques au statut associatif, le fonctionnement d’une telle structure reposant avant tout sur la disponibilité active de ses membres. Pour alimenter les rubriques existantes et réactualiser l’ensemble, j’avais fait appel aux membres et anciens membres de l’association, sollicitant les contacts que pouvaient avoir les administrateurs de Plume et Buvard avec ceux-ci, mais également aux étudiants de ma promotion qui souhaitaient proposer des sujets sur leurs lieux de stages ou sur leur vision du métier. Malgré plusieurs relances, je n’ai reçu qu’un petit nombre de textes durant ces trois mois. Ce qui est compréhensif, les membres qui font vivre l’association ayant, comme la majorité des bénévoles ou des étudiants de la promotion par ailleurs, une activité professionnelle en parallèle.
En outre, certains étudiants étaient réticents à l’idée que leurs textes personnels puissent être lus par tout le monde. Cela a constitué un frein, bien plus que les capacités d’écriture et de sujets, qui étaient multiples. Enfin, la rédaction et la mise en page de documents sur un site internet, de façon régulière, supposent une certaine aisance dans l’utilisation de logiciels de traitement de texte spécifiques que beaucoup, même parmi les administrateurs de l’association, n’avaient pas encore acquise. Toutes ces contraintes, dont certaines sont liées au contexte associatif dans lequel chacun peut exercer, sont indépendantes de la volonté et des compétences de l’écrivain public. Il lui faut donc prendre la pleine mesure de ces paramètres avant de vouloir rédiger.
Lire la suite : 2e partie : L’écho lié à la technique de l’écrit.
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